L’heure des retrouvailles.
Allo la terre, Allo mes chers petits soldats, Coronavirus de mon cœur, ici Covidus 1er Empereur de la lâcheté et du malheur.
Ensemble nous semons la terreur et le désarroi depuis de longs mois sur cette planète dont je surveille tous les mouvements depuis ma station spatiale Covidetonverre.
A l’heure où je vous parle je suis en orbite géostationnaire au-dessus d’une région à laquelle nous ne nous sommes peut pas assez intéressée, le Sud-Ouest de la France.
Je viens de serrer le frein à main et caller mon vaisseau à la verticale d’un endroit bien étrange situé selon mes plans, en bordure de Garonne, la commune de Villenave d’Ornon.
Sachez que le Duc D’Ornon, choisit cet endroit pour venir s’ébattre un peu.
Quand il ne chevauchait pas Gallinette sa célèbre monture, il s’employait à peupler la commune avec la complicité bienveillante de la gente féminine locale. On dit même qu’il avait pour habitude de venir frayer en belle compagnie aux bords d’un lac qui aujourd’hui fait la fierté du Golf de Villenave.
Le Golf de Villenave, quel étrange endroit en ce 19 juin 2020. Alors que l’heure du déconfinement un pet confiné a sonné, j’en souris une bande de joyeux lurons brave les interdits avec une intelligence, une habileté qui me laisse sans voix.
Je devrais m’offusquer et bien non.
Cette belle cinquantaine d’individus habillés de rouge et de noir bizarrement logotés, semble avoir reçu des consignes très strictes pour venir pratiquer leur sport favori. Ils les respecteront à la lettre mais surtout à leur façon.
Séparés, corps et âmes, depuis le 14 février dernier, date de leur dernière rencontre à Lacanau, les retrouvailles sont chaleureuses. Ils avaient bien prévu l’histoire. Vêtus de tenues de protections intégrales habituellement utilisées dans des centrales atomiques, ou des laboratoires spécialisés en virologie, tels des cosmonautes ils s’enflassent, ils s’embrassent chaleureusement. Franchement, vu de là-haut c’est un truc de dingues ! Des mecs archi contraints, qui arrivent néanmoins à dégager une telle joie de se retrouver, l’ennemi public numéro un que je suis en coule une larme. La consigne est immédiatement donnée pour que l’on épargne, à l’avenir, la santé de ces heureux élus.
Une fois les retrouvailles consommées, chacun quittera sa tenue pour aller rejoindre sagement son tee de départ.
A la trompette 18 équipes s’élanceront sur ce parcours qui se bonifie d’année en année. Tel un brave taureau il se défendra sous les assauts répétés des 54 matadors engagés sur le pré.
L’animal a de la ressource, beaucoup de combattants y laisseront les quelques illusions qui les habitaient encore. Pas de suicide à déplorer, personne ne s’est jeté dans le lac si cher à notre coquin de Duc…
A l’issu des hostilités, chacun rejoindra sagement le confessionnal, pour confier au révérant Philippe BIGEARD, sa carte et peut être également quelques péchés que la passion de ce jeu pousse parfois à commettre.
Au final notre ami Pascal CAPITAINE nouveau nez dans la famille l’emportera avec 46 points en net devançant notre bien aimé Président Didier CASTANET. A une longueur de club Claudio DI BATTISTA complétera le podium.
Tout ce petit monde se retrouvera pour déjeuner dans cette ambiance chaleureuse et si particulière propre aux rencontres du GEDA. Supplément d’émotion, l’hymne, notre hymne composé collectivement qui sera entonné à pleins poumons par toute l’assemblée. Une forme de défi au Coronavirus qui s’attaque sans relâche à ces si précieux organes.
De là-haut, c’est tout attendri, Hé oui je peux l’être, que je regarde ce spectacle si singulier. Pour la première fois le doute s’invite dans ma conscience criminelle. Et si je faisais une pause…
Philippe Junca
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